Même moi, je n'aurais pas osé imaginer ça...

Publié le par Leitha

Retenir son souffle en attendant quelque chose, à Justicialand, c'est courant. Un coup de fil, une lettre, un recommandé, tout est n'importe quoi peut devenir matière à apnée. Mais je crois n'avoir jamais été si sonnée que ce soir, excepté lorsqu'un brave psychiatre a voulu m'exorciser il y a un an. Chapô bas à celle qui a réussi à me priver de répartie et à me rendre muette, j'ai nommé AvocatdeRom.

Bah oui, au terme d'une mémorable partie de ping-pong entre Raison, un cabinet d'huissier, la secrétaire d'AvocatAdoré et AvocatdeRom, me voilà complétement sidérée, incapable d'articuler autre chose que "gnééééé", ce qui est faible au niveau communication, vous me l'accorderez. Raison est dans les pommes à la suite de cette nouvelle incursion dans la quatorzième dimension.

Mise en situation : Raison m'ayant enquiquipoisonnée pour que j'entame plus fermement les démarches pour recouvrir la somme due par Rom, j'ai baillonné Emotion le temps de passer quelques coups de fil. Le premier à un huissier. De Rennes. Bah oui, paraîtrait que c'est un gars de là-bas, qu'il me faut, si je veux agir. Et ça ne loupe pas, il faut prendre rendez-vous. Le tour de France continue... quelqu'un pour m''accompagner dans mon équipée touristique de la semaine prochaine ?

Toujours est-il qu'HuissierGentil me demande de réclamer un papier à AvocatAdoré. A qui je téléphone derechef. Je tombe bien entendu sur sa secrétaire, qui me dit que sa patronne est injoignable. Quel scoop ! A sa décharge, il semble qu'elle sorte d'une semaine aux assises, je ne peux pas trop grogner. Histoire d'éviter de déranger madamen en noir, je demande à sa super standardiste si par hasard, elle peut m'en dire plus sur ce qui a été mis en place il y a quelques mois au niveau du paiement de mes indemnités, si un virement a bien été organisé, et au cas où si elle a le fameux papier salvateur pour que je puisse m'en tirer toute seule de mon côté. Il m'a fallu inspirer profondément en écoutant les réponses, pour résister à la tentation de jeter le téléphone par la fenêtre. En gros, au cabinet, on ne savait pas si la signification du jugement avait été délivrée à Rom, mais on avait bien "lancé un truc avec mon rib". Cha, ch'est préchis ! *zeeeeeeeen* Raison, froide et déterminée comme je l'aime, a tenté de déblayer le schmilblick tout en rajustant le baillon d'Emotion pour avoir la paix.

- Un... truc ? Me AvocatAdoré avait parlé de lancer un virement automatique mensuel. En fait, dans son dernier courrier, en juillet, elle m'avait écrit avoir tout préparé avec AvocatdeRom. C'était censé être opérationnel.

- Ben si AvocatAdoré vous l'a écrit, c'est que c'est vrai et que c'est opérationnel.

- Ah oui oui, mais non non ! Je n'ai pas de sous virés sur mes comptes moi, ni de chèques. En fait, je n'ai plus rien depuis que je vous ai donné mon RIB.

- Vous avez peut-être mal regardé ?

- Euh..; bon, pourriez-vous éventuellement laisser un message à AvocatAdoré, béni soit le sol que ses pieds foulent, pour qu'elle m'en dise davantage, voire me reconfirme que tout est en ordre de son côté ? Je vais vous vexer, mais j'ai un doute. peut-être a-t-elle simplement oublié de finaliser la manoeuvre, que sais-je ?

En raccrochant sur une promesse de la part de mon interlocutrice de voir ça, Raison faisait une drôle de tête. Elle a détaché Emy, qui a commencé à s'énerver légèrement. A peine assez pour tester la solidité du mur en face de moi. Il va très bien. Mon poing, c'est une autre affaire, mais bon. Et tandis que je répondais à mes mails, toujours furieuse et découragée, une idée de génie me vint. Quoi, je n'allais pas abandonner après avoir fait tant d'efforts ? (OUI, appeler l'huissier et mon ancien avocat constituait une épreuve. Chacun a les défis qu'il peut. Est-ce que je vous demande de faire une randonnée à cloche-pied, moi ?) Et si j'appelais AvocatdeRom ? Après tout, elle était aussi dans la danse et s'il y avait bien quelqu'un qui pouvait savoir si Rom avait cessé puerement et simplement de régler sa dette ou s'il s'agissait d'un bug, c'était bien elle.

Et là, j'ai commencé à croire aux miracles. Sisi, vraiment, promis ! D'abord, une secrétaire efficace et courtoise. Ensuite, à peine une minute de Vivaldi dans les oreilles avant d'atteindre le Saint-Graal : AvocatdeRom, qui, alors même qu'elle se hâtait dans une gare (on entendait clairement les annonces sonores en fond) et désespérait d'atteindre son train à temps, s'est posée le temps de me répondre. Rien que pour ça, je l'aimais. Vraiment. Je lui ai exposé mon souci. Mais à peine eus-je prononcé le terme "virement" qu'elle s'exclama, interdite, qu'elle n'avait jamais eu connaissance ne serait-ce que de l'évocation d'un tel système et q'assurément, AvocatAdoré n'avait jamais pris contact avec elle à cette fin.

c'st là que le "gnééé" est malencontreusement sorti de ma bouche, tant j'étais perplexe devant une telle affirmation. En effet, en dehors du fameux courrier de juillet, ce projet avait été largement décrit dans d'autres lettres, dans des mails, de vive voix, comme mené de concert entre les deux avocats. Bah non, aux dires d'AvocatdeRom, nada ! Pour elle, tout se passait toujouers par chèques, et personne ne lui avait même dit qu'il y avait un bug quelque part. Pour elle, le dossier suivait son cours... Muette, vous dis-je, muette ! AvocatAdoré aurait brodé à ce point sur la vérité ?!

Qui ment ? Qui dit vrai ? Pour le moment, je suis trop sonnée pour répondre. Je sais juste une chose : demain, AvocatdeRom a promis de me rappeler. Et à défaut, m'a intimé l'ordre de la joindre de nouveau  en insistant et sans écouter le barrage secrétarial, parce qu'elle serait à son cabinet toute la journée. C'est déjà cent fois plus que ce que MON avocat m'a jamais proposé.

N'empêche. La quatorzième dimension, ça arrive encore à me surprendre.

Publié dans Suuréalisme

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